Prix Nobel de littérature 1957, Livre de poche le plus vendu en France, traduit en 40 langues et adapté au cinéma en 1967, “L’Étranger” est un mythe de la littérature française à côté duquel je ne pouvais pas passer.
🇩🇿 XXème siècle, Alger. Meursault enterre sa mère, rencontre une femme, aide son voisin dans son conflit avec sa maîtresse. La première partie du roman est un enchaînement de situations d’apparence anodines, où l’on suit le quotidien d’un homme marginal. Dans un monde où tout le monde ment, Meursault ne joue pas : il est atteint de la folie de la sincérité. L’histoire s’accélère lorsque Meursault tue un arabe sur la plage, sans raison ni regrets. Les jurés le condamnent à mort, davantage pour son apparente indifférence que pour le crime lui-même. Ils diabolisent sa différence, et Camus raconte l’absurdité de la condition humaine à travers le destin de Meursault. Taciturne, implacable et somme toute pas méchant, il fascine et apporte une réelle valeur ajoutée au récit. Camus montre à travers lui le besoin maladif de la société de fabriquer des monstres.
📙 Les avis sont mitigés sur ce roman : d’un côté les aficionados de Camus, prêts à défendre bec et ongles la magnificence de l’oeuvre de l’auteur. De l’autre, ceux qui parlent de « La plus grande escroquerie littéraire du XXème siècle ». Pour moi ce n’est ni l’un, ni l’autre. Je ne vois ni chef d’oeuvre, ni arnaque. Ce livre est simplement l’histoire d’un homme différent, d’un anti-héros qui refuse de se plier aux règles de la société. Et c’est aussi l’héritage d’un nouvel existentialisme proposé par Camus, celui qui ne se dérobe pas face à l’absurde. Camus apporte une nouvelle vision de l’existentialisme de Sartre, qui accepte la part de malheur de l’existence : c’est dans le désespoir que l’homme découvre des raison d’espérer. L’existence est au centre de la réflexion, comme chez les existentialistes, mais elle ne se dérobe pas : l’homme est doté d’une conscience claire et lucide et construit son propre destin.
Après avoir vu le documentaire « Camus, l’icône de la révolte » et m’être renseignée sur le courant existentialiste, je comprends mieux l’engouement autour de Camus. Je recommande de s’imprégner de la vie de l’auteur avant de lire ses romans, afin de mieux comprendre son oeuvre.
Éditeur : Gallimard