📖 Dolores Haze, dite Lolita, a 12 ans lorsque sa mère meurt dans un accident de voiture. Débute alors un long périple avec “Humbert Humbert”, son nouveau beau-père qui voue une inénarrable passion pour les “nymphettes”. Humbert raconte l’errance de Dolores depuis la prison où il attend son jugement. Nabokov fait un pari audacieux en proposant au lecteur de se mettre dans la peau d’un pédophile ; avec une finesse et une intelligence prodigieuses, Nabokov nous place en tant que témoins et juges d’une idylle impudente. Notre éthique s’endort au fil des pages, comme Humbert s’endort lui-même dans son imagination malsaine.
💬 Je ne peux que recommander ce livre aux amoureux des mots. “Lolita” est une odyssée littéraire, un phénomène qui continue d’inspirer toutes les générations. Un succès mondial qui expose le délire libidineux d’un personnage à la fois détestable et délectable, un homme qui confond son imaginaire vicieux avec la réalité. Je n’aurais jamais pensé pouvoir adopter le point de vue d’un pédophile sans ressentir une certaine culpabilité. Le bourreau nous convainc presque de son innocence, il présente Lolita comme un monstre aguicheur et responsable de sa propre démence. Mais le lecteur n’est pas dupe : même si les états d’âme de Lolita ne sont pas exprimés et que son indolence pourrait passer pour du consentement, l’enfant paraît avoir parfaitement conscience d’être sous la férule d’un beau-père abusif.
🙎♀️ « Lolita » est devenue dans le langage courant une « jeune fille aguicheuse qui joue avec la faiblesse des hommes ». C’est cet abominable contresens qui a poussé l’écrivain Christophe Tison à donner la parole à Lolita en publiant “Journal de L”, paru aux Éditions Goutte d’or en 2019. Un incontournable à avoir sur sa table de chevet aux côtés de “Lolita”.